dimanche 9 septembre 2012

Hockenhorn

Pour une fois, la météo annoncée était bonne mais cela ne nous a pas aidé à nous décider rapidement sur le programme du weekend : escalade ? Alpi ? Une seule chose était sûre, Michel voulait dormir dehors pour tester son matos de bivouac… Après avoir longtemps hésité, nous nous décidons à la dernière minute vendredi soir pour aller faire le Hockenhorn, paraît-il le plus haut sommet faisable en randonnée en Suisse avec ses 3293m. Nous préparons donc nos affaires et partons samedi après-midi pour Kandersteg.

Pour monter au Hockenhorn depuis le côté bernois, il faut partir dans le splendide vallon du Gasteretal, vallon complètement encaissé accessible uniquement par une route à péage ou en minibus. Vu le prix prohibitif de celui-ci, nous préférons payer le ticket et y aller en voiture, ce qui est la meilleure idée. Juste à temps dans les délais, on s’engage sur la route impressionnante 5 minutes avant la fin du temps de montée (20’ par heure seulement dans le chaque sens). 
Il faut passer par une gorge impressionnante, la route a la largeur d’une voiture et aligne ponts, tunnels et rampes. Une fois dans le vallon, c’est plus dégagé, on peut se croiser et on a l’impression d’être dans les rocheuses… Immenses falaises, cascades, torrents, forêts de sapins et des cailloux partout. Avec la lumière rasante de la fin d’après-midi, c’est splendide.

 

Nous nous garons au fond du vallon au niveau de l’hôtel et ne traînons pas (il est déjà 16h30) pour attaquer la montée. Ça monte sec mais le chemin est beau et la vue sur le vallon et l’envers de la Bluemisalp et du Doldenhorn super chouette.


Après être passés au niveau de Gfelalp, on continue vers le verrou glaciaire du Loetschgletcher. Là, il y a deux sentiers pour accéder au plateau du glacier, celui que nous avions repéré sur la carte n’est en fait plus balisé ni actuel, on décide donc de suivre les panneaux. En discutant avec quelques personnes croisées en cours de route qui sont étonnées de nous voir encore monter à cette heure tardive (ils pensent qu’on va jusqu’à la cabane alors qu’on bivouaquera on ne sait pas trop où en cours de route), on apprend que l’autre chemin n’est plus entretenu mais un français que l’on croise l’a pris le matin et ne le trouve pas en plus mauvais état que celui sur lequel on se trouve. Il nous indique du coup quelques coins potentiels pour bivouaquer le long de cet ancien chemin qu’on retrouvera en haut.
Traversée du glacier, si si, il y a un glacier sous les cailloux

Après avoir grimpé encore quelques centaines de mètres, on se retrouve au pied des falaises et juste devant le glacier : le sentier passe sur celui-ci, qui tout glacier qu’il soit, reste très débonnaire : peu de crevasses, beaucoup d’éboulis sur le glacier. La traversée se passe sans problème et on est rapidement de l’autre côté sur la moraine. A ce niveau, nous retrouvons l’ancien sentier qu’on décide donc de suivre pour trouver un bel emplacement de bivouac. 
Au niveau d’une ancienne construction dont il ne reste que quelques bouts de murs éboulés, nous attend une belle plateforme herbeuse, en voilà un bon emplacement ! Il y a en plus un névé pas trop loin pour récupérer de quoi faire le repas du soir, c’est parfait ! Comme il est déjà tard, on enfile bonnets, gants et doudounes vu qu’il commence à faire un peu plus frais et on prépare le repas face au coucher de soleil sur la Bluemisalp. Pas mal ! La nuit tombe, les étoiles apparaissent et on fini notre repas et notre tisane en observant le ciel avant de mettre en place le bivouac…

Prêt à dormir !
 C’est la première fois que je dors à la belle étoile en montagne, c’est un peu impressionnant au début… Et pas forcément super confortable d’être encore plus saucissonné dans son sac de couchage que d’habitude, mais après quelques tentatives, je finis plus ou moins par m’endormir. Bon, la nuit ne sera pas des plus reposantes, les demi-réveils sont fréquents, c’est rigolo d’entendre le vent passer sur la capuche du sac de bivouac mais moins de sentir la condensation à l’extérieur du sac du couchage. Heureusement, je n’ai pas froid. Pour Michel, le test des affaires avant son voyage au Zanskar est totalement positif, tant mieux !
Nous nous réveillons vers 7h, pas encore de soleil mais il n’y a plus d’étoiles, juste la lune qui nous surveille. L’opération « sortir du duvet – rentrer dans ses vêtements » est encore plus compliquée que sous tente, mais heureusement j’avais logé pantalon et polaire dans mon duvet, ce n’est pas trop froid ni humide !  Et puis nous avions pensé à garder le réchaud à portée de main pour lancer le thé du fond du duvet, opération réussie mais le nouveau réchaud de Michel chauffe trop bien, cela ne donne même pas 5 minutes de rab au chaud dans son sac !
Nous prenons notre petit déjeuner à base de pancakes en rab de la veille face au lever de soleil. Les falaises s’éclairent tout autour de nous et quelques bouquetins se détachent sur la crête devant nous !





Deux bouquetins se cachent sur cette photo...
Après avoir rangé tout le campement, nous reprenons la montée en direction du Loestchpass. Le chemin est entièrement taillé dans la roche sur une portion, avec rampes et mains courantes par endroits. Nous atteignons sans problème le col où se trouve la cabane du même nom. Certains randonneurs sont encore entrain de prendre leur petit déjeuner sur la terrasse (certains sont déjà au blanc…). On ne s’arrête pas longtemps à ce niveau et on continue en direction du Hockenhorn. A partir de là, il n’y a plus de chemin balisé, mais le sentier est bien visible et il y a des cairns partout. Tellement de cairns qu’on ne sait jamais sur quelle trace marcher… 



Photographe acrobatique...
Et photo artistique
Les truies du refuge profitent aussi de la vue !
Quelques centaines de mètres au dessus du refuge, nous croisons des bouquetins. Croiser est le bon mot vu comme ils ne sont pas du tout farouches… Je peux m’approcher à quelques mètres d’un jeune qui me regarde venir sans daigner abandonner son petit déjeuner de lichen !




La montée jusqu’au col entre le Klein Hockenhorn et le Hockenhorn est facile, on est sur une espèce de plateau rocheux, la vue est sympa des deux côtés même si il y a quelques nuages côté valaisan. Je profite du fait que le sommet se fasse en aller-retour pour laisser mon sac au col et nous attaquons la dernière montée. La plus grande difficulté consiste à trouver le chemin le plus agréable : ça monte bien mais il y a des cairns de partout et le cheminement n’est pas forcément logique !



Gipfelbuch


Panorama côté Bernois
Les quelques nuages que nous avions vu à la montée se sont dégagés, la vue est superbe et nous sommes tout seuls ! A en croire le gipfelbuch, venir ici pour le lever du soleil est vraiment l’usage. Nous laissons notre paraphe et faisons quelques photos avant de redescendre. Contrairement à ce que je redoutais, nous trouvons pour la descente un chemin plus évident que celui de la montée et nous rejoignons facilement le col. Le pique-nique nous attend et nous en profitons tranquillement avant de redescendre vers le refuge.
Panorama côté Valais


  En chemin, les bouquetins sont toujours là, à se demander s’ils ne sont pas domestiqués ! Nous redescendons par le même chemin que le matin et la veille, d’un bon pas, surtout à la fin où la fatigue commence à se faire sentir !




 
Du coup, voir la voiture quelques centaines de mètres plus bas nous motive à nous presser, d’autant plus que la perspective d’une bonne Rivella bien fraîche nous fait bien envie alors que nous avons fini l’eau emportée (et que pour ma part, l’eau de fonte du glacier me tente moyennement…).
Le sommet du jour (et derrière la moraine, notre bivouac)
La voiture est tout en bas...
 Après la Rivella bien méritée et quelques dernières photos du sommet et du joli vallon, nous reprenons la petite route dans l’autre sens, bien contents de notre weekend… Bon, on aura plus d’une heure de bouchons pour rentrer, mais il faudrait quand même pas que les weekends se passent sans anicroches, on finirait par y prendre goût !

En tout cas, une superbe randonnée que je conseille vraiment à ceux qui veulent faire un « vrai beau sommet » sans corde ni crampons, ou qui veulent montrer le cœur de la Suisse à des amis randonneurs au pied sûr (en dormant à la cabane, pas forcément en pleine nature). 

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