dimanche 26 août 2012

Dent d'Hautaudon

Une fois de plus, c'est une météo pas vraiment favorable qui s'annonce pour le weekend : pluie, nuages, averses. Un léger mieux pour le dimanche, mais il va falloir viser juste... Malgré tout, nous sommes d'une motivation sans limites ! Et après avoir appelé plusieurs refuges où les gardiennes sympathiques mais réalistes nous déconseillent de tenter l'aventure ("pour l'instant, c'est sec, mais il va pleuvoir ce soir et si c'est mouillé, vous ne pourrez pas grimper avant dimanche après midi... Par contre, lundi il fera beau, vous pouvez pas venir lundi ?"). 
Bon, on se décide à aviser en fonction du dernier bulletin et des webcams samedi matin. J'ai l'idée d'aller dans les préalpes fribourgeoises / vaudoises, avec dans l'idée que si il fait moche, on pourra tout de même se balader... Un petit tour sur camptocamp, et je déniche une voie d'arête qui semble bien adaptée à mon initiation en la matière : la plupart des comptes-rendus la décrivent comme une solution de repli par mauvais temps, le coin est sympa pour randonner si jamais, et ce n'est pas trop loin.
Par contre, la météo s'annonce orageuse et pluvieuse pour le soir, mais ça ne nous empêche pas d'envisager le bivouac (avec tente tout de même...). Un coup de fil à Laurent, le voilà motivé à faire la 3e grenouille. Le temps de rassembler matos de grimpe et de bivouac et nous voilà partis en direction de Montreux. Sur la route, il fait sec, limite ensoleillé... Sauf qu'arrivés en vue du col de Jaman, voilà qu'il commence à pleuvoir. Même à beaucoup pleuvoir ! 

Les cochons de la ferme apprécient le temps, eux...
On se motive tout de même à aller chercher un coin pour bivouaquer après avoir demandé au vacher du coin si ça ne pose pas de problème. Il a dû nous prendre pour des fous ! Un premier emplacement a l'air pas mal, mais de nombreuses traces de vaches nous fait renoncer à le choisir... On ne saura que le lendemain qu'on a bien fait. Quelques centaines de mètres plus loin, il recommence à pleuvoir et nous trouvons l'emplacement idéal : plat, herbeux, pas boueux, à côté d'un lit de ruisseau mais complètement sec. Il pleut de plus en plus quand on se décide à monter la tente le plus vite possible. Ce qu'on fait, mais en finissant tout de même complètement trempés : nous, la tente, les sacs... On se précipite dedans histoire de s'abriter puis on attend en tentant de faire un peu de rangement pratique...  
L'accalmie ne venant pas, on attaque le repas, saucisson, fromage, fougasse et une bonne bouteille de vin maison ramenée par Laurent. Lors d'une mini baisse de régime de la pluie, on se rend compte qu'on entend un drôle de glouglou... Je risque ma tête par l'ouverture de la tente pour découvrir... une autre tente pas loin de la notre qui a poussé sous la pluie et... un ruisseau qui glougloute dans le lit sec quelques temps auparavant ! 

Après une tentative avortée de repas chaud (Michel voulant tester son nouveau réchaud, il décide même si on a plus forcément faim de faire cuire les pâtes prévues, sauf que Laurent chargé de faire les quelques courses a prévu tout et même plus encore, sauf les pâtes qui figuraient en tête de liste !), on se console avec une tisane et on finit pas se coucher dans notre sauna de tissu. 

La pluie se calme un peu avant de reprendre de plus belle vers 4h du matin. Le vent s'en mêle aussi, on espère que la tente ne va pas s'envoler...  LJ e constate que même si elle n'est plus toute jeune et pas la mieux adaptées aux conditions défavorables, il n'y a toujours pas de fuites dans la toile, c'est déjà ça ! 

Au réveil, il ne pleut plus mais ce n'est pas encore le grand beau temps... Laurent décide d'aller faire sécher son pantalon dans la voiture et on somnole en attendant un temps plus propice au petit déjeuner. Finalement, le temps se lève peu à peu, on déjeune tranquillement avant de replier le campement et d'aller échanger matos de bivouac et matos de grimpe à la voiture. 


Il fait toujours aussi froid, la bise souffle bien, au moins, le rocher séchera vite ! Les cochons de la ferme s'en donnent à coeur joie dans leur enclos !
La marche d'approche est facile et jolie, nous atteignons en moins d'une heure le col d'ou part l'arête. Une cordée nous a précédé, on les voit et entend poser le rappel au milieu de la voie.
Montée vers le col de Bonaudon

Le rocher a eu le temps de sécher, on s'équipe et je regrette de ne pas avoir pris de gants : ça caille vraiment !


Michel part en tête, Laurent l'assure et ferme la marche, le boulet que je suis est au milieu. la première longueur est courte et d'escalade classique, sauf qu'avec les chaussures de montagne, le sac à dos et les doigts gelés, ca change un peu !
J'arrive au relais, hum, y a pas vraiment de quoi se poser à 3 de manière confortable (dans mes critères). après les manip de corde, Michel repart, à l'aise ! Bon, il galère un peu à trouver les points (et en loupe certains d'ailleurs) et moi je commence à stresser : la 2e longueur c'est une vraie longueur d'arête, dont une partie se fait à califourchon, les pieds dans le vide... exactement ce qui me fait vraiment peur ! Bon, ca a le mérite de me réchauffer et je fini par arriver au bout, mais je n'aime pas ca... Je trouve quand même le courage de faire quelques photos pour me rappeler par ou je suis passée !

Laurent au départ de L2
L2, tout droit sur l'arête




L2, à califourchon
Michel au 2e relais
 Nouveau relais, je découvre que la 3e longueur ne va pas me plaire non plus : on continue sur l'arête, plus de califourchon mais il faut passer d'un côté à l'autre et c'est une longueur en désescalade. moi qui ai l'habitude d'avoir la corde qui m'assure au dessus de moi, j'aime pas ça... Je suis lente mais j'y arrive quand même. Les gars maîtrisent mais se font plaisir quand même et ont la gentillesse de ne pas me reprocher ma lenteur ou mon manque d'assurance !
Le rocher est sec et il fait toujours aussi froid avec la bise mais les nuages se dégagent et les quelques rayons de soleil réchauffent bien.
Michel au 3e relais, sous la belle cheminée de L4
Laurent dans L3

 La 4e longueur me plaît bien, il s'agit d'une longueur d'escalade classique qui se finit dans une cheminée riche en prises. J'arrive en haut sans problème et presque ragaillardie ! Michel est presque surpris, il paraît que si j'avais regardé plus autour de moi, je n'aurai pas été aussi rassurée !

La 5e longueur est toute courte, il s'agit juste de traverser la pointe de la 2e aiguille pour rejoindre  le point de relais du premier relais. Bon le passage n'est pas équipé mais pas si évident que ca....

Les gars installent le rappel et Laurent descend en  premier. Pendant ce temps, je panique en haut, j'aime pas du tout rester accrochée juste par ma vache à un câble et surtout pas me mettre en tension dessus... Puis le rappel me stresse aussi vu qu'il est en deux temps. Petit à petit, je parviens tout de même en bas des deux rappels. Michel descend tellement vite que j'ai à peine le temps de faire des photos !
Michel dans le 2e rappel
 Il est déjà 14h30, nous profitons d'être sur une petite plateforme pour grignoter un bout. Je suis épuisée et il reste encore autant de longueurs et de nouveau 2 rappels de l'autre côté, du coup, je décide de m'arrêter là vu qu'il semble possible de tirer un rappel.
Me voilà en train de désescalader quelques vires tout en espérant que mon rappel sera assez long pour me permettre de rejoindre le bas... Difficile de juger depuis en haut : ça ira ? ça ira pas ? ça ira tout droit ? ça ira à gauche ? Finalement, je pose les pieds dans les éboulis juste au bon moment : le noeud (pas bien centré) touche mon descendeur au même moment ! Je me désencorde et laisse les gars récupérer la corde pour continuer la course.

Pique-nique entre les deux pointes

Laurent dans L6 et Michel au relais
Pendant ce temps, je pars à la recherche infructueuse du panier que Michel a perdu au deuxième relais. Mais trouver un bout de ferraille bleu marine dans un pierrier recouvert de touffes d'herbes hautes, pas évident... Je trouve un huit rouge pourtant mais pas ce que je cherchais !
Je me pose sur un caillou au soleil pour manger un peu et suivre la progression des gars. J'entends leurs communications parfois mieux qu'eux-mêmes. Michel est resté en tête et ils progressent doucement même sans le boulet que j'étais, le cheminement n'est pas toujours évident ni les points bien visibles. Je le vois même faire demi-tour à un moment, posé en opposition au sommet de la pointe. J'en ai peur même d'en bas (et il paraît que le pas, appelé "l'enjambement" est impressionnant et qu'il doute que j'y serai passée...).

Deux grimpeurs se cachent dans cette photo...
Après m'être endormie sur mon caillou, je remonte au col retrouver le soleil pendant qu'ils galèrent à trouver le point de rappel... Il fait maintenant grand beau mais toujours assez frais pour la saison, je suis bien contente d'avoir ma doudoune !

Panorama du côté fribourgeois

L'arête côté Fribourg
 Je me pose au soleil en attendant les gars qui finissent par me rejoindre. Il est 18h30, on ne va pas être de retour tôt en Alsace ! Mais ils sont contents d'avoir fait toute l'arête, et on a vraiment réussi avec la météo.

Le départ et les deux premières longueurs
L'arête côté Vaud

 Finalement, on repars du col de Jaman vers 19h30 après avoir profité une dernière fois de la vue et de la chouette lumière. On est tous bien fatigués, entre la nuit humide et la course finalement bien longue, mais bien contents d'avoir tenté l'aventure !

Le topo sur Camptocamp
La galerie complète

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