jeudi 11 avril 2013

Iglootage

Une fois de plus, la météo n'est pas des plus optimiste mais il nous en faut plus pour nous décourager, surtout que la sortie prévue ce weekend est originale : pas de grand tour, de super sommet ou autre, juste un point de chute (Realp, à côté d'Andermatt) et un objectif : construire et passer la nuit sous un igloo ! 

Du coup, la préparation du sac est un peu plus longue et compliquée que d'habitude, il faut penser à beaucoup de choses, et surtout, quand c'est une première, on n'est pas forcément sûr d'avoir ce qu'il faut ! Le sac de 60L est vite plein (et finalement, tout servira !), et ça pèse son poids... 


Nous sommes 8 à partir de Realp sur la route montant en direction de la Rotondohütte. 200m de D+ plus loin, nous arrivons à un petit hameau où nous déposons toutes les affaires inutiles pour la randonnée, sans oublier de mettre tout ce qui se mange (et surtout le super gâteau de Michel) à l'abri des fouines (= dans la popote métallique avec 2 pavés dessus !).






Les sacs sont bien plus légers quand nous repartons en direction du Tälligrat. Vu l'heure et le petit rythme auquel nous avançons, nous n'irons pas jusqu'au sommet... Il fait chaud et le soleil tape ! Avec Lise, nous nous arrêtons un peu plus bas que les autres et profitons d'un super banc au soleil contre une cabane où nous pique-niquons tranquillement tandis que le reste du groupe monte un peu plus haut sur une bosse sans nom. 
Le reste du groupe à la descente

Pendant la descente, les nuages qui stationnaient au fond de la vallée nous rejoignent rapidement et c'est dans le jour blanc que nous rejoignons le contenu de nos sacs dos ! 
Après la localisation de l'emplacement idéal, Laurent nous fait un briefing "construction d'igloo" (ou très exactement d'un quinzy, tas de neige que l'on creuse ensuite pour créer l'espace) et nous attaquons la construction. Première étape, empilement des sacs à dos, recouverts par une couverture de survie et délimitation de la circonférence de l'igloo avec des bâtons. Nous faisons ensuite un petit monticule au milieu pour indiquer la hauteur de neige à entasser avec un autre bâton et... nous commençons à remplir tout le volume ainsi délimité avec de la neige ! 

















C'est long et nous avons vite chaud ! Heureusement, la neige est compacte et c'est assez facile de tailler des gros blocs. Nous finissons même par être bien organisés, en binôme ou carrément en chaîne de production, avec carrière et porteurs... 


Une fois le tas suffisamment haut, un bon coup de damage avec les skis, et l'on peut commencer à... creuser ! Par le flanc, nous entamons une tranchée puis nous attaquons l'igloo en lui-même. Il est déjà tard, et il nous faut normalement construire deux igloos vu que nous sommes 8 ! 
Avec Lise, nous profitons d'une pause pour voir si les bâtiments aux alentours ne sont pas ouverts, histoire d'avoir une solution de repli si nous nous faisons prendre par la nuit. Après une tentative infructueuse sur toutes les portes (il n'y a que des fenêtres hautes d'ouvertes sur une étable), nous revenons faire notre tour de pelletage. Au bout d'un moment, le tunnel devient bien profond, c'est d'ailleurs assez impressionnant d'y travailler, l'espace est étroit, on se prend tout plein de neige dans la figure, et sans être claustrophobe, c'est quand même une sensation bizarre, surtout qu'on n'entend plus les collègues juste derrière soi ! Nous finissons par atteindre les sacs, qu'il faut dégager, ouf, un peu d'espace de gagné ! 


Pendant ce temps, vu l'horaire, une partie du groupe attaque la construction d'un abri norvégien (à demi-creusé, murs droits en briques de neige et recouvert par les skis, un bout de barrière en canisses trouvé derrière un bâtiment et des couvertures de survie) à l'emplacement de la carrière de l'igloo. Et une autre partie fait une expédition "étable", où en démontant une fenêtre, on arrive à avoir un accès à l'étable qui sent bien la vache mais qui est propre (et avec électricité en plus !) Ouf, on pourra toujours dormir là si besoin !


Dans l'igloo, il faut creuser, creuser, déblayer, déblayer... Les bras commencent à tirer, la neige est très dure, mais nous finissons par arriver à avoir une cavité correcte ! C'est long, très long et il commence à faire nuit, donc une partie du groupe s'occupe de rapatrier toutes les affaires dans l'étable tandis que le reste termine l'igloo. Une fois de bonnes aérations mises en place dans la voûte (80 cm d'épaisseur tout de même !), nous nous retrouvons tous dans l'étable où bonne surprise : il y a un étage, avec bas-flanc à matelas, table, bancs et même un poêle ! 

Finalement, c'est bien agréable de ne pas manger entassés dans l'abri ou dans le brouillard et dans la nuit, il est déjà plus de 20h ! Nous nous réchauffons avec soupe, purée et tisane avant d'entamer les tergiversations du couchage... Chacun hésite un peu entre la solution de facilité de l'étable (même si il ne fait pas chaud, c'est sec), et l'igloo / abri norvégien (mais qui a l'air bien venteux), vu qu'on est quand même venu là pour ça ! Nous nous motivons presque tous pour aller dormir dehors, et nous voilà à nous installer pour le couchage. Il ne fait heureusement pas (trop) froid dehors et la neige isole bien sous l'igloo. La mise en place du couchage est compliquée, déjà, il faut rentrer tout le matos, puis rentrer soi-même sans écraser les autres, déballer les affaires, fourrer tout ce qui doit rester sec et chaud (c'est à dire beaucoup de chose, y compris les chaussons des chaussures de ski) dans le sac de couchage, s'y faire aussi une place quand même, et tout ça sans avoir froid...


Ouf, enfin installés... La neige isole bien, il ne fait pas froid, mais j'ai du mal à m'endormir, je suis un peu stressée par l'igloo, c'est quand même une grosse quantité de neige au dessus de nos têtes... Le moindre petit bruit me fait sursauter mais... je finis tout de même par m'assoupir quelques heures, avec des réveils intermédiaires.

 


Au matin, nous n'avons finalement pas eu froid de la nuit, et surtout, les affaires sont quasiment sèches ! L'aération a bien fonctionné, l'intérieur de l'igloo est complètement lissé par la condensation qui s'est évaporé et ne nous a pas goutté dessus, tant mieux ! L'ambiance avec la lumière du jour qui filtre est assez magique,  on est bien sous l'igloo, surtout que dehors, il fait vraiment tout blanc ! Sous l'abri norvégien, la nuit a été un peu plus difficile pour les filles, mais bon, "nuit validée" d'après Laurent, youpi, on l'a fait ! 


Nous prenons tranquillement le petit déjeuner dans l'étable, la motivation n'est pas de la partie pour la suite du programme... Certains espèrent le grand beau temps, d'autres se disent que bon, si on ne skie pas, c'est pas grave non plus... 

Nous finissons par vider les abris et une partie du groupe repart dans la même direction de la veille, dans le brouillard mais histoire de se réchauffer... Une petite heure plus tard, on n'y voit toujours rien... On décide d'un commun accord de faire demi-tour, nous croisons d'ailleurs un groupe d'allemands qui nous confirme qu'au dessus, la neige est guère meilleure et on y voit pas mieux ! 
A peine nous avons entamé la descente que les nuages se déchirent, on y voit un peu mieux pour la descente, mais pas de quoi nous remotiver pour repartir, d'autant qu'il est déjà midi ! Nous rejoignons le reste du groupe pour une soupe et un pique-nique puis rangeons les sacs. Un dernier tour dans l'igloo pour profiter de l'ambiance et nous redescendons sous le soleil cette fois vers les voitures et une bière en terrasse bien méritée ! 

Comme prévu, ce n'était pas du grand ski, mais un bon exercice de construction d'igloo, une super ambiance dans le groupe et... de belles courbatures le lendemain, dans des endroits peu habituels pour le ski de rando (bras, mains...)


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