mardi 15 août 2017

Randonnée glaciaire dans la Silvretta - Piz Buin et Dreiländerspitz

C'est le tout premier article que je rédige pour ce blog démarré par Claire au printemps 2012 après un weekend de Pâques à la Camona Medel faire du ski de rando. Il était temps que je m'y mette...


Claire étant partie retrouver ses parents le weekend du 15 août, je suis allé de mon côté faire une randonnée glaciaire dans le massif de la Silvretta organisée par l'ÖAV de Villach.
Course glaciaire de quatre jours avec pour but de gravir le Piz Buin et le Dreiländerspitze, de rencontrer des chef de courses et me faire des contacts avec lesquels je pourrais faire d'autres courses et faire du repérage pour le ski de randonnée (la Silvretta est bien connue des randonneurs à ski).

C'est sous un ciel gris et chargé que nous prenons la route samedi 12 août au matin pour nous rendre au col du Bielerhöhe. Six heures de route (et des passages pluvieux nous faisant craindre une montée en refuge désagréable) plus tard, nous chargeons les sacs et partons. Finalement c'est sous un ciel gris mais sec que nous cheminons sur le sentier recouvert d'une couche de neige fraîche jusqu'à la Wiesbadenerhütte (tenu par la section DAV du même nom).

Au vu de la météo et du monde qui compte monter au Piz Buin, Gerhard et Ines, les encadrants, nous proposent de partir le lendemain à huit heures (c'est très tard pour une course glaciaire !). Bien leur en a pris puisqu'il a fait froid et couvert jusqu'en fin de matinée, ce qui limite les risques sur glacier ou pentes de neige et surtout, moins de monde au sommet et potentiellement une vue dégagée.

Dimanche matin, une demi-heure après avoir quitté le refuge, nous cheminons dans un pierrier morainique et franchissons les torrents glaciaires pour arriver au pied d'un ressaut rocher surplombé par le glacier de l'Ochsental.


C'est un passage scabreux, le rocher a été poli par un glacier ayant récemment reculé et la neige mouillée n'arrange pas les choses.
Mais nous sommes rapidement sur le glacier et le moment tant attendu est enfin arrivé, chausser les crabs pour la première fois cette saison ! Quel bonheur de sentir les crampons accrocher la glace!


Le glacier est relativement plat, les crevasses sont bien marquées, aucune difficulté technique. Nous prenons notre temps pour arriver au col de la Buinlücke en observant les colonnes de grimpeurs montant et descendant du sommet du Piz Buin.
 
Après une bonne pause goûter, histoire que le ciel se dégage et que l'itinéraire menant au sommet se désengorge, nous entamons la montée. Hormis les passages encombrés par les nombreux groupes descendant c'était une belle ascension en conditions hivernales : la neige soufflée avait habillé les parois rocheuses. Les encadrants ont installé des cordes fixes pour protéger les passages expos où les surfaces rocheuses n'étaient plus apparentes.
Les difficultés passées, il suffit de suivre un sentier pour accéder au sommet... sous un ciel bleu !


Nous pouvons admirer toute la vallée de l'Ochsental au nord, le Dreilanderspizte à l'est, le massif de Bernina et même ce qui nous semble être l'Ortler au sud.


Lors de la redescente à la Buinlücke, un hélicoptère effectuant un ballet pour déposer du matériel et de nombreuses personnes au col nous intrigue. Il s'avère que c'est une équipe de tournage qui s’apprête à filmer l'ascension du Piz Buin par Hermann Maier. Excitation chez les autrichiens, Hermann Maier est dans les parages ! Après tout nous sommes dans un pays où le ski a autant voire plus d'espace médiatique que le football, on ne va pas s'en plaindre. Mais l'heure tourne, il faut redescendre et le refuge Tuoi est encore loin. La rencontre avec Herminator sera pour une autre fois.

Le col de Buinlücke s'ouvre sur un couloir orienté sud, mais il n'y a plus de neige et il n'est plus praticable.
Nous passons donc par la Fuorcla dal Cunfin pour contourner le petit et le grand Piz Buin par l'ouest et le sud jusqu'à passer au pied du couloir sud de la Buinlücke ; couloir qui doit être un régal à descendre à ski. A garder en tête pour un raid en peau de phoque.

Après la traversée d'un grand pierrier nous arrivons dans une vallée verte qui contraste énormément avec l'univers minéral que nous venons de quitter. On y trouve bien sûr vaches et marmottes mais aussi des crapauds qui sautaient de-ci de-là au dessus du refuge de Tuoi. Vieux petit refuge récemment rénové, c'est une maison chaleureuse et bien aménagée, à la suisse.



Lundi matin huit heures, à nouveau un départ tardif, nous partons en direction du col Vermunt. Nous passons le col et prenons pied sur le glacier de Vermunt deux heures plus tard. Nous traversons ce glacier d'ouest en est pour nous retrouver au pied de l'Ochsenscharte qui nous permettra de remonter la pente de neige au pied de l'arête du Dreiländerspitz.



Sommet qui est moins couru que le Piz Buin, tant mieux car il y a deux passages en arête qui auraient été problématiques par grande fréquentation. Nous délestant des crampons et piolet nous attaquons la partie rocheuse de l'ascension du Dreiländerspitz. La neige a fondu depuis et le rocher sec et compact nous offre une grimpe agréable.

Inès et Gerhard ont équipés les deux passages gazeux avec des cordes fixes qui ont permis au groupe de grimper en sécurité le long de l'arête sommitale jusqu'à nous retrouver seuls sur le point de frontière triple entre l'Engadine suisse et le Vorarlberg et Tyrol autrichiens.


La redescente de l'arête aérienne puis de la face enneigée et enfin du glacier se fait tranquillement et sans encombre. La température est rapidement montée lorsque nous basculons plein est sur le glacier de Jamtalferner.
Ce glacier est bien plus accidenté que les autres. Sa traversée n'est pas plus compliquée, les crevasses étant toujours bien marquées, au contraire elle n'est pas du tout monotone : il faut souvent faire des zigzags ou des bonds là où les crevasses sont trop larges ou profondes.


S'en suit quelques kilomètres de marche sur le plateau où le glacier s'est retiré, nous arrivons fin d'après-midi au grand refuge de Jamtal. Sachant les difficultés derrière nous et qu'il ne reste qu'une demi journée de marche le lendemain, nous nous faisons plaisir et éclusons bouteilles de vin et bières jusque tard après le repas pour finir avec une partie de Uno aux règles éthylées.

La courte journée du mardi 15 août commence par une rapide montée du sentier qui mène à la brèche du Getschnerscharte. Une fois passée c'est une longue descente dans la vallée de Bieltal qui nous attend. Avant le retour au parking et le traditionnel repas de fin de course à la Gasthaus nous devons slalomer entre des vaches nullement gênées par les randonneurs qui doivent les frôler pour passer.


Les hauts sommets de la Silvretta, ça me plaît ; je retournerai volontiers dans le secteur mais cette fois au printemps et avec les skis aux pieds pour descendre le couloir de la Buinlücke. Et je referai avec plaisir l'arête qui mène au Dreiländerspitz !




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